Alain Fourchotte fait partie depuis longtemps de la vie musicale niçoise. Il en est même un acteur indispensable. Sans lui, la musique contemporaine niçoise n’aurait pas été la même. Alain Fourchotte, né à Nice, ayant étudié la flûte au conservatoire, faisait partie jadis des pionniers de la musique contemporaine qui se réunissaient le soir, comme des conspirateurs, dans les sous-sols du Palais de la Méditerranée. (Le signataire de ces lignes était parmi eux!). C’est à la suite de cela que Jean-Etienne Marie est arrivé à Nice et a fondé son Centre International de Recherche Musicale, lequel a généré le festival MANCA dont on n’oublie pas les années de gloire.
Alain Fourchotte a été enseignant à l’Université. C’est aussi un compositeur joué en France, en Europe, au Japon, en Amérique.
Il s’est exprimé à l’Opéra de Nice dans le cadre des conférences du Cercle Richard Wagner Rive Droite de Nice.
On peut, bien sûr, aborder Wagner de mille façons – et même davantage ! Lui a traité l’influence du « statisme harmonique » wagnérien dans les musiques du futur.
Cet étirement harmonique se trouve, par exemple, par les cent-trente-sept mesures de l’accord de mi bémol du prélude de l’ Or du Rhin, dont les notes mi bémol, sol, si bémol sont égrainées dans le temps, enrichies par la variété de timbres des instruments de l’orchestre.
Alain Fourchotte nous a entraînés du prélude de Parsifal aux musiques spectrales des Partiels de Grisey – dans lesquelles sont mises en évidence les résonances harmoniques produites par les notes de musique.
Entre Parsifal et Partiels, le savant conférencier nous a fait passer par les interludes de Pelléas et Mélisande, Farben de Schoenberg, le prélude du Prince de bois de Bartok, Lontano de Ligeti, ou les pièces monophoniques de Scelci.
Alain Fourchotte nous a fait entendre comment il a fait usage de l’« étirement harmonique » dans une pièce de sa composition, intitulée Fünfteilig dans la langue de Wagner, qui a été créée par le Philharmonique de Radio-France
Le professeur Fourchotte a développé son excellente démonstration sur un ton docte, avec des mots choisis. Ainsi a-t-il remplacé – à juste titre – le « climax » couramment utilisé pour qualifier une sommet d’intensité musicale par l’ « acmé ». Mais, attention, lorsqu’on s’adresse à un auditoire de fans d’art lyrique de ne pas confondre l’ « acmé » avec Lakmé !
André PEYREGNE
photo A. Peyrègne