Réflexions sur la 49ème saison bayreuthienne du Docteur Philippe Olivier, musicologue et conférencier international.

Le docteur Philippe Olivier ami et membre du Cercle, fidèle conférencier que nous aurons l’honneur d’accueillir une nouvelle fois en 2024 pour «  Franz Liszt et Richard Wagner : partitions de familles recomposées » a accepté de nous livrer quelques réflexions suscitées par son récent séjour à Bayreuth :

 

©Guy Maurin

 

 

 

 

Très grande représentation – au point de vue vocal et musical – de L’Or du Rhin hier soir au Festival de Bayreuth. Je formulerai des observations sur la mise en scène de Valentin Schwarz une fois le cycle tétralogique terminé. Quant à celles et à ceux qui poussent des hurlements d’hostilité une fois le rideau tombé, qu’ils restent à la maison ! Qu’ils fassent du macramé ou qu’ils collectionnent les coléoptères ! En attendant, le baryton islandais Ólafur Kjartan Sigurðarson est l’un des plus grands Alberich que j’ai entendus en un demi-siècle !

 

Siegfried donné avec un casting exceptionnel. Me voici là pour ma 49ème saison bayreuthienne. En raison de divers concours de circonstances, je me suis mis à entretenir des relations fidèles avec plusieurs petits-enfants et arrière-petits-enfants de Richard Wagner : Dr. Wolfgang Wagner, Dr. Gottfried Wagner, Dr. Nike Wagner, Prof. Katharina Wagner, actuelle directrice du festival, et Frau Verena Wagner. Par contre, Eva Wagner-Pasquier ne m’apprécie pas. Je ne l’apprécie pas. En 2008, j’ai reçu la médaille d’honneur de la Ville de Bayreuth des mains du maire de l’époque, le Dr. Michael Hohl. Je suis le seul Français, avec Pierre Boulez et Patrice Chéreau, à avoir eu cette distinction.

 

Journée de relâche. Mon modeste ouvrage sur la Tétralogie est au centre de cette vitrine de la Bibliothèque municipale de Bayreuth : 

 

 

 

 

 

 

Entracte de La Walkyrie à Bayreuth, 22 août 2023. Splendeur vocale et musicale complète hier soir. Gloire à la Brünnhilde de Catherine Foster, à la Sieglinde d’Elisabeth Teige, au Wotan de Tomasz Konieczny et au Hunding de Georg Zeppenfeld ! Quant à Klaus Florian Vogt en Siegmund, il est exceptionnel. Le maestro Pietari Inkinen nous sidère par sa direction d’un niveau hors du commun. Valentin Schwarz – le metteur en scène – s’égare hélas par une multitude de pistes très pertinentes mais non développées. Dommage, oui vraiment dommage !

 

Nous assisterons aujourd’hui au Crépuscule des Dieux conclusion de la gigantesque Tétralogie de Richard Wagner. Nous aurons – entre autres – la chance de voir l’extraordinaire basse finlandaise Mika Kares dans le rôle de l’épouvantable Hagen. Je me suis abstenu de formuler des observations sur le travail de mise en scène de l’Autrichien Valentin Schwarz. J’en traiterai demain. D’ici là, je souhaite bien du courage à Valentin Schwarz si – à l’issue de la représentation de ce jour – il se voit conspué par un certain nombre de festivaliers en fureur.

 

 

Valentin Schwarz © Bayreuther Festspiele

 

 

 

Étant un partisan résolu des aventures radicales et du « Regietheater », je suis déçu par la mise-en-scène de Valentin Schwarz pour la Tétralogie du Festival de Bayreuth, présentée sur la « verte colline » cette année. Elle serait la reprise « améliorée » ( ?) du travail de cet Autrichien trentenaire, montré pour la première fois en 2022. Comme l’exécution musicale et vocale de ce « Ring » aura représenté seize heures de développements sonores rendus de manière captivante, elle aura permis de survivre aux approximations, tâtonnements aventureux et autres idées de Schwarz qui – à peine formulées – ne sont pas menées comme elles le devraient. Ainsi, son concept de départ, voué à la destruction de la pureté enfantine par la corruption et la laideur du monde, ressemble à un soufflé s’écroulant vite.

Je suis pour le moins attristé de devoir m’exprimer de cette manière, au sortir de la 25ème Tétralogie à laquelle j’aurai assisté. Mais c’est ainsi. Je ne comprends pas pourquoi Schwarz n’a pas tiré profit des exceptionnels éclairagistes et techniciens de Bayreuth. Je me demande s’il aime les chanteurs. Il les a livrés à eux-mêmes.

 

Dr Philippe OLIVIER

Facebook
Twitter
LinkedIn

Login to your account