« Cordes tressées » d’Alain Fourchotte / sortie du CD et Dédicace

« Cordes tressées » : tel est le titre du disque de musique de chambre que le compositeur niçois Alain Fourchotte vient de faire paraître. Il comprend une sonate, deux trios, un quatuor.

Ce que l’on tresse généralement, ce sont les chevelures. On pense à Ophélie ou Mélisande. Ou encore aux fils de soie d’une poésie de Germain Nouveau. Ce que tresse ici Alain Fourchotte ce sont les cordes – les cordes du violon, de l’alto, du violoncelle. Mais les cordes, sous sa plume, sont comme les fils de soie du poète. Écoutez les 2ème. et 4ème. mouvements de son Quatuor : pas de sons plus soyeux que ceux-là ! Ils sont obtenus par ce qu’on appelle les « harmoniques » du violon. Les fils se déroulent comme d’une pelote arachnéenne. Le temps est suspendu.

Le quatuor est la forme la plus exigeante de la musique classique. C’est celle sur laquelle on juge les compositeurs. Alain Fourchotte agit ici en maître. Il en a d’ailleurs le titre : il a enseigné à l’Université de Nice et a suscité le respect. On sent que sa maîtrise du langage contemporain est totale – ce langage épuré et synthétique où les mélodies présentent des grands écarts de notes et procèdent par sauts d’intervalles.

Mais ne soyez pas effrayé par le mot « langage contemporain » ! Derrière ce savoir magistral, vibre une sensibilité de compositeur. Laissez vous entraîner par ce violon qui chante dans l’aigu dans son trio intitulé « Adagio e poi ».

 

Dans ces musiques, Alain Fourchette vous parle. Pas comme un professeur. Comme un ami. L’amitié est précisément contenue dans le titre d’un des trios, « Freundlich ».  Une question : pourquoi ce titre allemand ? Pour faire référence à Schönberg ? Un souvenir de Darmstadt ?
La sonate pour violon et piano, sous-titrée « Éloge de la libération de la vie » commence comme une interrogation. A chacun d’apporter sa réponse. La notice nous explique que le sous-titre fait allusion à la « Conférence des oiseaux » du poète persan du XVIIIème. siècle Farid al-Din Attar. Sans lire la notice, on avait ressenti qu’on avait affaire à une œuvre « inspirée ». Dans deux des mouvements, les instruments s’expriment aux extrémités de leurs tessitures : sons harmoniques au violon et notes graves du piano. L’effet est remarquable.

Plusieurs passages du disque sont en homorythmie (tous les instruments jouent dans le même rythme). C’est le cas dans le mouvement central du quatuor, particulièrement réussi. Il y a là un foisonnement à la Ligeti. Ce n’est pas un mince compliment !

Bien sûr, en quelques lignes, on ne peut faire l’inventaire des procédés d’écriture qu’utilise le compositeur. Une chose est certaine, Alain Fourchotte sait écrire. Et, de ce point de vue, ce ne sont pas des cordes qu’on peut lui tresser mais des louanges !

André PEYREGNE

 

Rendez-vous le 23 février 2024, pour la prochaine création mondiale d’Alain Fourchotte :

Et dédicace le mercredi 28 février 2024 : 

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