En ce mois de mars 2022, l’opéra de Nice a la lumineuse idée de programmer Phaéton*, opéra de Jean-Baptiste Lully représenté pour la première fois à Versailles le 9 Janvier 1683.
Est-ce peut-être pour commémorer la mort du compositeur, le 22 mars 1687, des suites d’une blessure accidentelle, faite en dirigeant le Te Deum pour la guérison de Louis XIV. L’anecdote est connue : Lully avait pris l’habitude de frapper la mesure sur le sol avec un lourd bâton, et en ce 8 janvier 1687, sans doute excédé par les écarts d’un musicien, il se plante l’outil dans le pied par mégarde.
Quelques mots sur ce compositeur : C’est Roger de Lorraine, chevalier de Guise, qui a ramené de Florence ce jeune homme, fils d’un meunier, et l’a mis à la disposition de la « Grande mademoiselle », duchesse d’Orléans et cousine du roi, qui désire parfaire ses connaissances en italien.
Il a alors appris le violon, le clavecin, et la composition musicale et a créé pour sa protectrice la « Compagnie des violons de Mademoiselle ». En 1652, après la Fronde et la disgrâce de sa turbulente cousine, Louis XIV l’a engagé dans la Grande Bande des Violons du Roi et ses succès lui ont valu d’être nommé en 1661 surintendant de la musique du Roi et maître de musique de la famille royale en 1662. Autant dire que son ascension a été rapide. Louis XIV va imposer à Molière de collaborer avec ce jeune (32 ans ) et talentueux musicien et cette première collaboration va produire la pièce Le mariage forcé représentée pour la première fois au palais du Louvre le 29 janvier 1664.
Nouvelle collaboration quelques mois plus tard, en mai, avec un budget faramineux, pour la création de La princesse d’Elide qui devra être l’un des clous d’une fête somptueuse organisée par le roi dans les jardins de Versailles : « Les Plaisirs de l’Ile Enchantée ».
Dans cette comédie, farces et scènes galantes alternent avec les ritournelles, gigues et suites jusqu’au bouquet final : un grand arbre chargé de seize faunes, jouant qui de la flûte, qui du violon, surgit des entrailles de la scène, tandis que les violons du roi leur répondent de l’orchestre, et que bergers et bergères composent un ballet mémorable.
Cette fête, qui va durer 6 jours et rassembler quelques 600 invités, va signer l’acte de naissance de Versailles, jusqu’alors simple relais de chasse, comme lieu de plaisirs et de faste. Versailles qui, cependant, ne deviendra résidence permanente qu’à partir de 1682.
Le succès est à la clé et accroît encore la gloire de Lully, mais aussi de Molière, dont la troupe va se voir attribuer le titre de « troupe du roi » en 1665.
En l’espace de 7 ans, entre 1664 et 1671, Molière et Lully vont créer 11 comédies ballets dont, l’Amour Médecin, Le Sicilien ou l’Amour Peintre, George Dandin .Tous ces spectacles sont d’abord représentés dans différents châteaux, correspondant aux différents séjours du Roi, puis repris sur la scène du Palais-Royal pour les Parisiens.
Et puis, en 1671, viendra le « clash » avec Molière ; différentes raisons à cela :
Homme aux multiples talents, danseur et chorégraphe, compositeur, imprésario, homme d’affaires, homme de cour, doué d’une grande ambition, Lully aura régné d’un pouvoir absolu sur la musique de son temps et son influence en France et hors de France ( Haendel, Telemann, Bach ) aura été considérable.
*Opéra de Nice