Il y aura peu de texte puisqu’au grand bonheur de l’assistance, nous avons eu beaucoup de témoignages, surtout visuels, sur ce magnifique ténor qui avait reçu tous les dons, la voix, bien sûr, mais aussi la beauté, la présence en scène, le charisme en somme, quelque chose qui ne s’apprend pas et qui, sans doute, les a quelque peu dilapidés.
Né à Marienbad, dans la Région des Sudètes, Hofmann est élevé à Darmstadt, où il commence à chanter dans un groupe rock. Il étudie ensuite au Conservatoire de musique de Karlsruhe, et fait ses débuts professionnels à l’opéra de Lübeck en 1972 dans le rôle de Tamino de La Flûte enchantée. Il chante son premier Siegmund à l’opéra de Wuppertal en 1974, il avait donc trente ans, ce héros qui allait le suivre durant toute sa vie professionnelle.
On a pu l’entendre dans ce rôle à Rouen en 1975, quand l’opéra, sous la direction de Paul Ethuin, donnait chaque année une œuvre de Wagner…
Mais les grands débuts de Peter Hoffman, c’est quand il est engagé en 1976 à Bayreuth, dans la Tétralogie du centenaire; à partir de là, sa carrière démarre en flèche, on le demande partout. En 1977 il est Siegmund à l’Opéra de Paris, dans une mise en scène diversement appréciée de Klaus Michaël Gruber ; mais un grave accident de moto (la vitesse faisait aussi partie de sa vie de rock-star…) le prive de Bayreuth cette année là, où il est fort mal remplacé par le peu charismatique Robert Schunk.
Pendant une décennie ce sera un pilier de Bayreuth où il interprète Siegmund en 1976, puis de 1978 à 1980 dans la production Boulez/Chéreau, ainsi qu’en 1988 et 1989 sous la direction de Daniel Barenboim,
Parsifal (en 1976 et en 1978, dans la mise en scène de Wolfgang Wagner), puis de 1982 à 1985 et en 1988 dans la mise e scène de Götz Friedrich, Lohengrin (de 1979 à 1982), Tristan (en 1986 et 1987), et Walther (en 1988) ; ce n’est pas son meilleur rôle ; peut être n’était–il pas fait pour interpréter les braves garçons…En 1976, il cumule Siegmund et Parsifal, en 1979 et 1980 Siegmund et Lohengrin, et en 1982, Parsifal et Lohengrin !
En 1981,Karajan lui a ouvert les portes du festival de Pâques. Il revient à Paris en février 1982 avec Lohengrin et en 1983 à la Fenice avec Parsifal, à l’occasion du centenaire de la mort de Wagner .
La même année, il fait une incursion au cinéma dans un film de Tony Palmer ; il est invité vingt-neuf fois au MET. En 1982 il est à nouveau Parsifal à Bayreuth avec Götz Friedrich, mais de cette mise en scène, pas plus que des autres Parsifal, il n’existe aucun témoignage filmé… Comme on aurait aimé le voir en compagnie de la toute jeune Waltraut Meier !
En 1986 et 1987 c’est la reprise de Tristan dans la mise en scène historique de Jean-Pierre Ponnelle, avec Catarina Ligendza.
Encore et toujours Wagner, même s’il donne à New York un Florestan en version de concert.
Puis…. Les ennuis commencent.
Sa technique vocale n’a jamais été considérée comme parfaite. Mais surtout, son mode de vie n’a rien à voir avec la rigueur que s’imposent la plupart des chanteurs lyriques. Il sort, il flambe, se marie deux fois, la seconde en 1983 avec la soprano Deborah Sasson en plein festival de Bayreuth, divorce deux fois –des divorces qui lui coûtent extrêmement cher.
Alors il revient au rock, chante de la variété (avec sa nouvelle épouse avant le divorce), participe à des comédies musicales en particulier Phantom of the Opera, représentée 300 fois à Hambourg dans sa version allemande. Il enregistre des reprises d’Elvis Presley. Bon, c’est bien inattendu de voir Love Me Tender faire son entrée au salon Pasquier !
Mais il est rattrapé par la maladie de Parkinson diagnostiquée en 1994. Sa santé se dégrade ; il s’installe du côté de Bayreuth, témoin de sa splendeur passée, et meurt d’une pneumonie le 30 novembre 2010 à 66 ans, seul, ruiné, abandonné.
Il disparaît, quelques semaines après Schirley Verrett et Joan Sutherland à qui le Figaro n’avait pas daigné accorder le moindre article nécrologique. Bien sûr rien non plus pour Peter Hofmann dans le Figaro. Michèle Bessout interroge Christian Merlin, alors membre du Cercle : « le journal ne m’a déjà pas laissé de place pour parler de Shirley Verrett et Joan Sutherland, alors tu penses Peter Hofmann !, » tel est son diagnostic….
Anne Hugot –Le Goff (membre du Comité du Cercle de Paris)