Hérodiade de Jules Massenet à l’Auditorium de Lyon

L’opéra de Jules Massenet porte très mal son titre car Hérodiade est, vocalement et scéniquement, le moins intéressant des principaux personnages de cette œuvre magnifique, rarement donnée.

Hérodiade n’a aucun aria notable alors que Salomé chante notamment le merveilleux « Il est doux, il est bon », Hérode, le fameux « Vision fugitive » et Jean, le superbe « Ne pouvant réprimer les élans de la foi ».

Le titre de Salomé, Hérode ou Jean aurait été plus pertinent.

Cette remarque est encore accentuée par la distribution donnée à Lyon, puis à Paris le 25/11. En effet, le canadien, Etienne DUPUIS, dans le rôle d’Hérode, est un magnifique baryton à la diction impeccable, Nicole CAR, son épouse à la ville, ici Salomé, projette magnifiquement sa voix de soprano lyrique tandis que le rôle de Jean, qu’il aborde, convient parfaitement à Jean-François BORRAS, ténor qui nous avait enchanté dans Thaïs et Werther à l’Opéra de Monte-Carlo.

 

 

 

En revanche, Ekaterina SEMENCHUK, à la voix pâteuse et à la diction très perfectible, est une erreur de distribution.

Cette dernière comprend également Nicolas COURJAL (Phanuel) et de talentueux solistes du Lyon Opéra Studio : Giulia SCOPELLITI (une jeune babylonienne), Pawel TROJAK (Vitellius), Pete THANAPAT (le Grand-Prêtre), Robert LEWIS (une voix dans le temple).

Les chœurs et l’orchestre de l’Opéra de Lyon sont superbes (remarquable intervention du flûtiste), sous la direction, peut-être un peu trop passionnée, de Daniele Rustioni.

 

Est-ce dû à l’immensité de l’Auditorium (2100 places) ou à son acoustique, au fait que ce soit une version de concert avec un orchestre sur scène ? Les chanteurs étaient souvent obligés de donner le maximum de leur puissance pour passer sur un orchestre très sonore, voire tonitruant par moment.

Coproduit par l’Opéra de Lyon, le Théâtre des Champs-Elysées, le Palazzetto Bru Zane et le Centre de musique romantique française, l’Opéra de Massenet était donné dans son intégralité (durée : 2h50 + entracte).

Patrick Martin

23/11/2022

 

 

 

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