JOHANN STRAUSS, LE PÈRE, LE FILS ET L’ESPRIT DE LA VALSE. ALAIN DUAULT ET L’ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE NICE

Alain Duault est un habitué de la capitale azuréenne puisque le célèbre écrivain, poète et en outre, animateur de radio et de télévision vient régulièrement se produire pour le Cercle Richard Wagner Nice Rive-Droite, à l’Opéra, dans des conférences toujours extrêmement suivies et appréciées par le public. On se souvient notamment de celle particulièrement fascinante sur la carrière de Maria Callas.
Il s’agissait cette fois-ci d’un « récit-concert » autour de la dynastie des Strauss intitulé Johann Strauss, le père, le fils et l’esprit de la valse à la Cuisine, dans la grande salle du Théâtre National de Nice avec l’Orchestre Philharmonique de Nice, dirigé pour la circonstance par une jeune cheffe de 24 ans Jane Latron (actuellement à la tête du Nouvel Orchestre Symphonique du Pays d’Aix) et le concours de la soprano Julie Goussot, l’une des boursières du Cercle Wagner de Lyon.

 

 

La dynastie des Strauss s’étend sur la totalité du 19ème siècle et, comme l’indique le programme de salle, elle constitue « l’histoire extraordinaire d’une famille avec ses personnages hauts en couleurs, le tourbillon de leurs vies, les ambitions qui les ont portés, les bonheurs qu’ils ont su conquérir et les drames qui les ont blessés et, par-dessus tout, cette passion qui les a portés : la musique ».

Avec son art consommé du récit Alain Duault nous transporte à Vienne au bord d’un Danube « qui est loin d’être bleu » et dans lequel se jette, dans un accès de désespoir, le tavernier Franz Strauss le père de Johann (né le 14 mars 1804). Sa mère, Barbara, succombe à un accès de fièvre 7 ans plus tard. Johann Strauss se passionne pour la musique et après avoir obtenu une place dans le Quatuor Lanner forme son propre orchestre. C’est le prétexte à entendre le Sperl-Galopp en vogue à l’époque. Il devient bientôt l’un des compositeurs les plus appréciés à Vienne et, aux côtés de la polka et de la mazurka, il fait de la valse l’une des danses les plus prisées de son époque. Et pourtant elle fut à l’origine considérée comme érotique voire obscène (!) car la bienséance n’admettait pas que les couples s’enlacent. Strauss eut alors le génie de faire non seulement de la valse une véritable institution mais encore l’emblème même du « sang viennois », ce « Wiener Blut » chanté par la soprano Julie Goussot.

 

©Dominque Jaussein

 

Une vie marquée par de nombreuses liaisons et une dizaine d’enfants nés de son épouse Maria-Anna et de sa maîtresse Emilie ainsi que par des voyages dans toute l’Europe et notamment à Paris (où les plus éminents compositeurs vinrent l’entendre (Meyerbeer, Auber, Halévy, Berlioz en présence du roi Louis-Philippe 1er). De ce voyage à Paris, il rapporta une valse à la gloire de la capitale française : « Paris Walzer ». Dans la dernière partie de cette composition exécutée par le Philharmonique de Nice sous la baguette de Jane Latron, on entend quelques mesures de « La Marseillaise ». Il participa en Angleterre au couronnement de la reine Victoria âgée de 19 ans.
La querelle qui sévissait en Autriche entre les monarchistes et les libéraux inspira à Johann Strauss la fameuse marche de « Radetzky » qui chaque année, est exécutée en clôture du concert du nouvel an à Vienne. Le chef d’orchestre invite, selon une tradition bien établie, les  auditeurs  à frapper dans leurs mains, ce qui fut encore le cas en cet après-midi du 19 mars où le public niçois a répondu avec enthousiasme à l’invitation de la jeune cheffe.

 

 

©Dominique Jaussein

 

Johann Strauss père, mourut de la scarlatine le 25 septembre 1849, à l’âge de 45 ans.

Après l’entracte, Alain Duault évoque Johann Strauss II dit « le fils » surnommé à juste titre le « Roi de la valse » né le 25 octobre 1825. Comme son père, il fit son début en tant que musicien d’orchestre puis créa sa propre formation. Pour se venger de sa liaison adultérine, sa mère (qui demanda le divorce en 1844), intrigua pour permettre à son fils Johann Strauss II de devenir le rival musical de son père et l’on peut considérer que la carrière de ce dernier fut toute aussi éclatante que celle de son géniteur. L’un fut nommé directeur des bals de la cour d’Autriche, l’autre chef de la musique municipale de Vienne.
A la mort de son père, Johann Strauss fusionna les deux orchestres et connut une gloire internationale en visitant Paris, Berlin, Londres et les États-Unis. En 1862, il épousa la cantatrice Henrietta Treffz puis successivement l’actrice Angelika Ditrich et Adèle Deutsch âgée de 26 ans.
Quelques œuvres majeures de Johann Strauss fils ont été exécutées par l’Orchestre Philharmonique de Nice, comme la célèbre « Pizzicato Polka » et surtout celle qui contribua à sa gloire mondiale et qui reste un « tube » incontournable : le « Beau Danube bleu », lui aussi joué toutes les années lors du concert du nouvel an de Vienne. Lorsque Johann Strauss se rendit à Paris, il rencontra Jacques Offenbach qui lui conseilla de composer des opérettes et de là naîtront des œuvres telles que La Chauve-souris dont on entendit au cours de ce concert par la soprano Julie Goussot l’air d’Adèle « Mein Herr Marquis », Une nuit à Venise (air d’Annina : « Was mir der Zufall gab ») ou encore le Baron tzigane (air de Saffi : « So elend und so treu »). Le concert se termina avec la célèbre valse de l’empereur « Kaiser Walzer ».
Johann Strauss fils fut emporté par une pneumonie le 3 juin 1899, à l’aube du 20ème siècle et la dynastie des Strauss (puisque Joseph et Edouard Strauss furent aussi musiciens), imprégna la musique viennoise légère tout au long du 19ème siècle.

 

©Dominique Jaussein

 

A la fin de ce bel après-midi consacré à la gloire de la dynastie des Strauss, le public réserva des applaudissements nourris à chacun des maîtres d’œuvres, le récitant Alain Duault, la cheffe Jane Latron à la direction musicale, Julie Goussot, soprano, au chant ainsi qu’à l’Orchestre Philharmonique de Nice.

Christian Jarniat
19 mars 2023

 

 

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