FESTSPIELHAUS BADEN-BADEN Un duo de charme avec Elīna Garanča et Jonathan Tetelman

Le Gala d’ouverture de saison proposé par le Festspielhaus Baden-Baden fait partie des moments privilégiés, rares et tellement précieux et ceci, grâce à la présence de deux grandes stars de la scène internationale, la mezzo-soprano Elina Garanca et le ténor Jonathan Tetelman, accompagnés pour la circonstance par l’Orchestre de la Radio de Munich, dirigé par Karel Mark Chichon (époux dans la vraie vie d’Elina Garanca !!!)

L’idée d’associer ces deux grandes voix est excellente, les deux partenaires ayant déjà à leur actif une grande tournée en Autriche, Espagne et Lettonie, ainsi qu’un travail en commun sur Carmen. L’accord des deux voix est de toute beauté et la complicité entre eux atteint son apogée dans Carmen et tout cela dans une performance extrêmement bien rôdée.

©Andrea Kremper

Pour la première partie, Elina Garanca dans une robe étincelante, rappelant son rôle d’Eboli dans le Don Carlos de l’ouverture de la saison de la Scala de Milano, affiche une santé vocale exceptionnelle voire insolente…. Elle offre des interprétations très expressives des différents rôles qu’elle arbore ce soir, à commencer par le bel air « Ecco respiro appena » d’Adriana Lecouvreur de Cilea, chanté avec une grande douceur et une réelle émotion. Elle est à son apogée de dramaturgie et passion dans les longs extraits de Cavalleria Rusticana de Mascagni où elle incarne une Santuzza, ivre de jalousie, mais désespérément suppliante, avec ce beau timbre sombre. Jonathan Tetelman se joint à elle pour le duo «Tu qui Santuzza…» et les deux amants ont offert une scène d’opéra à couper le souffle. Dans l’aria de Turridu, toujours de Cavalleria rusticana « Mama, quel vino generoso » Tetelman le chante d’une manière vériste et d’un grand lyrisme.

Pour cette première partie, le chef Karel Mark Chichon et l’Orchestre de la Radio de Munich ont offert d’excellents moments musicaux, avec de très beaux solos dans l’ouverture de Luisa Miller de Verdi, de petits extraits oh combien charmants de la Danse des Heures de la Gioconda de Ponchielli et enfin pour finir l’Intermezzo de Cavalleria Rusticana, clôturant avec beauté et bonheur cette première partie.

La seconde partie est essentiellement consacrée à l’Espagne, avec en ouverture le Prélude de Carmen de Bizet, suivi de longs extraits de l’œuvre du compositeur. Elina Garanca apparait pour son air « La Habanera » dans une robe rouge écarlate, en forme de corolle telle une fleur carnivore, mais sublime de beauté, bref une Carmen plus libre que jamais.

©Andrea Kremper

A ses côtés, Tetelman est un Don José en très grande forme vocale et scénique, et le public de Baden-Baden le lui fait savoir en l’applaudissant à chaque venue sur scène (il est vrai qu’il a été un Werther d’exception, il a deux mois). Œil noir, de velours, voix solaire et puissante, une diction et un français parfaits, tout est beau, tout est transparent dans son air « La fleur que tu m’avais jetée ». La fin de Carmen est d’une grande passion et d’une immense émotion, lorsqu’il chante « C’est moi qui l’ai tuée, ma Carmen adorée »

La suite est largement dédiée à des zarzuelas. Les deux complices sont au sommet et rivalisent d’astuces scéniques, dans un grand sens dramatique dans leur gestuelle.

Les arrangements du chef Karel Mark Chichon pour « Granada » et les zarzuelas permettent toutes les fantaisies d’un orchestre survitaminé qui s’en donne à cœur joie », notamment dans le bis « Tico Tico ». Puis la belle Elina Garanca nous offre à nouveau son tube favori « Carceleras » avec des tremolos à n’en plus finir. Quant à Jonathan Tetelman, après lui avoir susurré des petits mots d’amour, fait danser la belle. En guise de fin, et dernier rappel, il interprète pour le plus grand bonheur du public surexcité, « O sole moi ».

C’est ce que l’on appelle « commencer l’année en beauté » !!!

Marie-Thérèse Werling

7 janvier 2024

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