Les Jeunesses Musicales cherchent de nouvelles formules de concert

© Laura Dyens

 

Ce soir-là (1), il était 21 heures dans la salle du bel auditorium de Chaville, dans la région parisienne. Mais il était minuit sur scène.
Minuit sonne : tel était, en effet, le titre du spectacle musical donné par deux jeunes artistes, une guitariste et une violoncelliste, Laura Rouy et Pauline NGolo – un concert d’un type nouveau, sous forme de conte musical.
Dans la salle se pressaient, enthousiastes, pas moins de six cents personnes. Trois cents étaient venues de tout le pays en tant que déléguées des Jeunesses musicales de France, appelées aujourd’hui JM-France. Elles étaient réunies pour leur congrès national annuel. Elles représentaient cette vénérable association qui, créée en 1944, a initié à la musique plusieurs générations de jeunes. Aujourd’hui présidées par Jessie Westenholz et dirigées par Vincent Niqueux, elles sont plus que jamais actives, ont organisé l’an dernier plus de mille spectacles, ont attiré près trois cent mille spectateurs. Elles ont rallié à elles des associations dans plus de cinquante pays qui ont adopté le sigle JM symbolisant les deux mots français de Jeunesses Musicales. (JM Canada, JM Autriche, JM Zimbabwe, JM Turquie, etc.)
Il était donc minuit sur scène, ce soir-là. Et l’on vit arriver Laura et Pauline, dans l’éclat de leur sourire, de leur jeunesse et de leurs costumes colorés. Elles étaient les représentantes de ce laboratoire pour la recherche de nouveaux types de concerts que sont devenues les JM France. Au lieu d’enchaîner les sonates de Bach ou les pièces de Schubert et de Tchaïkovsky comme on le fait dans les concerts classiques, elles faisaient une guirlande de ces œuvres qu’elles déroulaient au milieu d’une histoire toute simple, sans prétention, où elles racontaient leurs rêves. Elles pimentaient leur programme d’un tango de Piazzola et d’une valse de je ne sais plus qui et le tour était joué ! Elles étaient charmantes dans leurs répliques poétiques ou musclées, faisant dialoguer les pizzicatos de la guitare avec le legato du cello. Leur spectacle à allure de printemps et à couleur de rêve était  joliment mis en scène par Maud Chapoutier. Elles auraient été vues par Proust, il les aurait certainement admises parmi ses « jeunes filles en fleurs ».
Voici donc une nouvelle façon de présenter les concerts. Au cours du congrès de JM France, nous avons vu plusieurs groupes proposer des formules, associant par exemple musique et art graphique : des artistes dessinent ou peignent sur grand écran tandis que d’autres jouent de la musique. Tout cela pour séduire le nouveau public de la génération des smartphone, clips télé et zapping.
Les JM qui ont le secret de ne pas vieillir, continuent à chercher les moyens de rendre la musique accessible à tous. On leur en sait gré. Elles méritent d’être aidées. (2)
Oh, bien sûr, pas question de tuer le concert traditionnel. On en a et on en aura toujours besoin ! Mais, en parallèle, un « nouveau public » peut être attiré par des  « nouvelles formules ».
Il était neuf heures dans la belle salle de Chaville. Et il était minuit sur scène. Minuit, l’heure du crime ? Non, de la musique…
André PEYREGNE 
 
(1) Vendredi 20 octobre
(2) Abandonnées par des sociétés qui étaient jusqu’alors leurs sponsors et qui ont été victimes de la crise financière, les JMFrance font appel aux dons (exonérés d’impôts). Renseignement sur leur site.
Facebook
Twitter
LinkedIn

Login to your account