Alain Fourchotte, compositeur bien connu du Cercle Richard Wagner Rive Droite nous propose de découvrir cette œuvre créée cet été au Festival d’Aix-en-Provence :
George Benjamin, ce britannique surdoué né en 1960 fut élève d’Olivier Messiaen et d’Yvonne Loriod au Conservatoire National Supérieur de Paris à 16 ans. Il est aujourd’hui reconnu et joué internationalement.
Son harmonie est atonale, mais pas à la manière des sériels, ni des spectraux. Elle est souvent diatonique, avec des octaves. La ligne mélodique est clairement affirmée et identifiable.
Je le tiens pour l’un des compositeurs majeurs de notre temps.
J’en ai eu une preuve en assistant à la création de son dernier ouvrage lyrique : « Picture a day like this » (Imaginez un jour comme celui-ci) donné au Festival d’Aix-en-Provence en juillet 2023.
Cet opéra en 1 acte et 7 tableaux est sur un texte de Martin Crimp (lui-même musicien : piano et clavecin). Ce dernier est l’habituel complice en ce domaine de Benjamin puisqu’ils en sont à leur quatrième collaboration. On se souvient du succès international remporté par « Written on Skin » créé en 2012 dans ce même Festival.
Pour ce nouvel opus, l’histoire contée est simple. Une femme, dont le bébé, à peine parlant, meurt, refuse de l’accepter. Elle apprend que si elle parvient à trouver une personne heureuse et à obtenir « un bouton de la manche de son vêtement », ce geste ramènera miraculeusement son enfant à la vie. Munie d’une page qui lui indique l’itinéraire à suivre, elle va aller de rencontre en rencontre…
L’écriture pour un orchestre volontairement réduit est là encore raffinée et inventive. Les parties vocales sont bien adaptées à la musicalité du texte, sans grands sauts d’intervalles, dans une sorte de modalité atonale.
Le compositeur dirigeait avec précision et efficacité le Mahler Chamber Orchestra. La mise en scène de Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma nous a paru plate, sans véritable originalité. Même la vidéo de Hicham Berrada ne parvenait pas à l’effet surréel escompté. Par contre, le rôle de la femme était tenu d’un bout à l’autre de l’œuvre avec une rare intensité par l’admirable Marianne Crebassa. Dans celui de Zabelle, espoir fantasmagorique de la femme, Anna Prohaska se jouait avec bonheur des vocalises suraigües de son rôle. Les autres chanteurs ne déméritaient pas : Beate Mordal, Cameron Shahbazi et John Brancy.
Au total, un spectacle à la musique envoûtante, qu’on souhaiterait voir éditer en DVD.
Alain Fourchotte
A retrouver sur Arte.tv jusqu’en juillet 2024 : https://www.arte.tv/fr/videos/115597-000-A/george-benjamin-picture-a-day-like-this/
crédit Photo : Jean-Louis Fernandez
