Placido Domingo dans « Nabucco », salle Gaveau

Lorsque le public de la Salle Gaveau (archi-comble) vit apparaître la silhouette très reconnaissable de Placido Domingo, vêtu d’un frac, couronné de cheveux blancs, c’est un mythe, une légende qui entrait en scène. Placido Domingo est l’un des derniers monstres sacrés de l’art lyrique à notre époque. Peut-être même le dernier.

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© Jean-François Desjacques

Des gens étaient venus de toute la France pour l’entendre. Et même de l’étranger. (Nous avons croisé une auditrice venue de Vienne en Autriche, une autre des États-Unis). L’après midi, une foule de fans l’attendait dans la rue, comme on attend les stars. Bousculade, applaudissements, harangues, selfies.

Cet homme qui s’apprêtait à incarner le roi de Babylone était depuis plus d’un demi-siècle dans nos mémoires et nos discothèques. Incroyable longévité !

Dressé derrière son pupitre, on sentait qu’il mettait toutes ses forces, toute son énergie dans l’interprétation de son personnage. Par cette force, cette énergie, le mythe Domingo se confondait avec le roi de Babylone et déclenchait d’inévitables bravos.

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© Jean-François Desjacques

L’opéra de Verdi était donné sous forme de concert. Les opéras en concert sont de plus en plus prisés car ils nous épargnent les outrances de metteurs en scène en folie. Là, on est face à la musique pure. En direct avec Verdi.

Aux côtés du maestro, Olga Maslova brilla dans le rôle d’Abigaille : voix chaude et puissante, aux éclats impérieux, Elmina Hasan fit valoir son joli timbre dans le rôle de Fenena. C’est une artiste à suivre. Ismaël était chanté par Matteo Roma, vaillant ténor lyrique, et Zaccharai par Marko Mimica, belle voix de basse profonde. Le rôle du grand prêtre vibra du timbre rare de Inho Jeong, remarquable finaliste des derniers Masters de Monte-Carlo. Quant à Anna, elle fut chantée par Lucie Peyramaure, jeune artiste au talent très prometteur.

L’orchestre Colonne, sous la direction de Leonardo Sini, fut du meilleur effet. Cet orchestre fête cette année ses 150 ans. Quand il fut créé, Verdi venait juste de composer Aïda. Avec cet orchestre – comme avec la Salle Gaveau – on est dans l’Histoire de la musique. On l’admire autant qu’on le respecte.

Au milieu de ces musiciens et chanteurs professionnels le chœur de Paris n’était qu’un chœur amateur. Les choristes étaient répartis entre la scène et les loges. Applaudi lors du chœur des esclaves (C’est un réflexe d’applaudir le chœur des esclaves !), on imagine sa fierté d’avoir chanté à côté de Domingo – Placido Domingo, cette légende, ce mythe…

A. P.

4 avril 2024

 

© Jean-François Desjacques

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