Week-end wagnérien à Marseille à l’occasion de la Walkyrie

WEEK-END WAGNERIEN A MARSEILLE

En ce samedi 12 février, j’’étais donc à Marseille pour un week-end très wagnérien, et c’est avec plaisir que j’ai retrouvé mes amis du Comité directeur du Cercle Richard Wagner local. Malheureusement, le nouveau Président, le Docteur Guinot était absent pour raisons professionnelles, mais il fut bien suppléé par la Vice-Présidente Sylvie Izard et la secrétaire Martine Oziol que je remercie pour leur chaleureux accueil.

Rendez-vous était pris en fin de matinée au Comité du Vieux Marseille, pour procéder aux réglages techniques d’usage et après quelques essais infructueux entraînant quelques sueurs froides, sur le coup de 11h30, tout était en place et fonctionnait parfaitement (miracle !). Grand merci à Sylvie Izard et son mari Alain pour leur précieuse collaboration tant lors de l’installation des appareils que durant la conférence.

Une fois la salle installée, les festivités commencèrent dès samedi midi, avec un déjeuner convivial qui réunissait, outre les responsables du Cercle de Marseille, cinq membres du Cercle de Toulouse Occitanie dont la Présidente, Annie Lasbistes et la Vice-Présidente, Anne-Elizabeth Agrech, ainsi que notre amie Andrea Buchanan, Vice-Présidente du Cercle International, venue spécialement de Londres.

Après ces plaisirs terrestres agrémentés d’un excellent petit Rosé de Provence, place aux plaisirs intellectuels.

L’un des buts de mon déplacement était une conférence que je devais déjà venir prononcer il y a deux ans, mais qui avait été annulée en raison de la pandémie. Entre temps, nous avons déploré le décès du Président du Cercle de Marseille, André Demarck, mais l’invitation tenait toujours, et notre choix s’est porté sur le 12 février, permettant de combiner avec une représentation de La Walkyrie  à l’Opéra de Marseille.

C’est précisément André Demark qui avait choisi le sujet de la conférence, parmi la liste que je lui avais proposée : Tristan et Isolde, une naissance passionnée .

Après avoir rendu hommage au Président disparu, que je connaissais depuis la création du Cercle en 1986, j’ai donc prononcé cette causerie que je lui ai bien sûr dédiée. Mon texte était illustré visuellement d’un diaporama de 75 diapositives et de six extraits musicaux en video tirés de la version « mise en espace », enregistrée à Munich en 1981, et dirigée par Leonard Bernstein, avec Peter Hofmann et Hildegard Behrens dans les rôles titres.

Le thème directeur de ma conférence est axé sur l’influence qu’a pu avoir (ou non) sur la composition de la musique de Tristan, la relation amoureuse nouée entre Richard Wagner et Mathilde Wesendonck,.La question reste posée….

Je suis très satisfaite de cette prestation qui, si j’en crois les commentaires, a suscité de l’enthousiasme de la part de l’auditoire.

Une fois rentrée à mon Hôtel, je me suis détendue en regardant le match de Rugby qui a vu la victoire de la France sur l‘Irlande…..On peut être wagnérien et aimer le sport de haut niveau….

Puis vint le dimanche 13 février …..Date emblématique pour tout wagnérien qui se respecte ! Il y a 139 ans, le Maître tirait sa révérence. Rendons grâce à l’Opéra de Marseille d’avoir programmé une  Walkyrie  en ce jour de commémoration.

 La Walkyrie  à l‘Opéra de Marseille, autre raison de venir dans la Cité Phocéenne pour ce week-end. On nous avait annoncé une version « allégée » avec un orchestre réduit placé au fond de la scène, et une mise en scène se limitant à une simple mise en espace. La distribution aussi en avait fait hésiter plus d’un….

Je ne suis pas critique musicale, et je n’ai pas la prétention de juger en « professionnelle », je juge avec ma propre sensibilité, mais l’impression générale que je garde de ce spectacle est finalement très positive.

Deux réserves quand même :

  • Quelques coupures aux 2e et 3e actes, très frustrantes et déstabilisantes pour la puriste que je suis. Renseignements pris, au total 20 minutes auraient été coupées. Je n’en connais pas la raison et selon moi, ce « tripatouillage » reste discutable.
  • Deuxième cause de déception, mais je m’y attendais : la prestation de Petra Lang qui, sans lui faire injure, n’est certes plus dans ses meilleures années…. On sent la voix fatiguée, les aigus sont souvent approximatifs, mais elle reste une grande artiste et ces faiblesses sont, selon moi, largement compensées par un engagement scénique d’une rare intensité. Quel tempérament dramatique ! La scène de l’Annonce de la Mort au 2ème acte restera pour moi un grand moment d’émotion.

 

A part ces quelques réserves, tout le reste emporte l’adhésion, sans aucune restriction. Cet orchestre réduit ne m’a pas du tout gênée, et j’ai aimé la Direction nerveuse et précise de Adrian Prabava qui remplaçait Lauwrence Foster initialement prévu. Les chanteurs, tournant le dos à l’orchestre, suivaient la battue du chef sur des écrans de télévision disposés dans la salle.

La « mise en espace » très intelligente de Charles Roubaud m’a finalement séduite : il a su tirer le meilleur parti de la situation à laquelle il s’est trouvé confronté, en adaptant sa production aux circonstances sanitaires.

Un plateau nu, aucun accessoire, pas d’épée, pas de lance, pas de boucliers, mais de judicieuses projections sur le rideau de scène dissimulant l’orchestre, tout cela fut, finalement du meilleur effet, permettant aux artistes de se concentrer sur leur chant et sur leur jeu scénique.

Le reste de la distribution m’est apparu en tout point au meilleur niveau, avec une mention spéciale pour Aude Extremo, vibrante Fricka à la belle voix de mezzo chaude et expressive. Un jeu juste tout en retenue, exprimant le dépit amoureux plus que la colère, j’avoue avoir découvert une grande et belle artiste. Sa scène avec Wotan (magnifique Samuel Youn) au 2ème acte fut d’une grande force dramatique, peut-être le sommet du spectacle.

Samuel Youn, grand habitué du rôle, est sans doute l’un des meilleurs Wotan actuels : voix profonde et belle, justesse du ton et du geste, il « est » Wotan.

Le couple Sophie Koch / Nikolaï Schukoff (Siegmund/Sieglinde) fut parfait vocalement et passionné à souhait. J’avoue avoir été agréablement surprise de la prestation de Sophie Koch que je n’imaginais pas en Sieglinde.

Seul Nicolas Courjal m’a paru un peu en retrait : sans avoir démérité vocalement, il manque de sens dramatique et reste trop « gentil » pour un personnage aussi cruel que Hunding !

Quant à l’octuor des Walkyries, malgré une chevauchée largement tronquée (quelle frustration !) leur ensemble fut tout à fait convaincant tant vocalement que scéniquement.

En conclusion, un spectacle qui fait du bien, après ces deux années de disette théâtrale et musicale, un spectacle « rafraîchissant », à une époque où nous sommes plus habitués aux relectures déjantées de certains metteurs en scène, qu’à ce type de « mise en espace » respectueuse de l’œuvre et du texte.

Merci à toute l’équipe de l’Opéra de Marseille qui, en dépit de circonstances au départ plutôt défavorables, a fait en sorte de « sauver » le spectacle dans les meilleures conditions. Le résultat est sans appel. Bravo et merci à tous !

Après le spectacle, j’ai eu le plaisir de terminer la soirée avec Andrea Buchanan autour d’une coupe de Champagne au Bar de mon Hôtel, dominant le Vieux Port illuminé. Andrea garde un magnifique souvenir de son séjour à Nice en juillet dernier, lorsqu’elle nous avait fait l’honneur de sa présence pour fêter les 10 ans du Cercle à Gattières. Elle salue tous nos membres et les amis qu’elle avait eu le plaisir de rencontrer à cette occasion, en particulier Yves, Patrick et Gilles. Je me réjouis qu’elle participe à notre colloque autour du Graal au mois de juin.

Mais tout a une fin et lundi matin il a fallu à regret, prendre le chemin du retour sous une pluie battante, mais très satisfaite de ce week-end marseillais et wagnérien.

Michèle BESSOUT

Vice-Présidente du Cercle Nice Richard Wagner Rive-Droite

 

 

Photos Christian Dresse/ Opéra de Marseille

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